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Cimetière de l’église St. Paul
Pierres migrantes…
Le cimetière de l’église St. Paul est l’un des plus anciens cimetières européens d’Amérique du Nord. Grâce à la restauration minutieuse des pierres tombales, vous pouvez en apprendre davantage sur les premiers colons de la région. Beaucoup de ces pierres tombales sont fabriquées de pierres que l’on ne trouve pas ou que l’on n’extrait pas à Terre-Neuve. En effet, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les premiers colons bien nantis importaient leurs pierres tombales d’Angleterre et d’Irlande pour que leur lieu de repos éternel soit orné de pierre calcaire et, plus tard, de marbre. La pierre calcaire résiste particulièrement mal au vent salin et à la forte pluie de Terre-Neuve. Lorsque vous visitez le cimetière, vous pouvez voir les marques laissées par des siècles d’érosion sur les tombes. Plusieurs pierres tombales dans ce cimetière sont faites de grès importé, probablement de la Nouvelle-Écosse. Pouvez-vous les trouver?
Les pierres tombales ne sont pas les seules pierres à avoir migré depuis l’autre côté de l’Atlantique.
En observant le paysage urbain, vous remarquez une grande maison de brique construite par les Lesters, la famille de marchands la plus riche et la plus puissante de l’île aux XVIIIe et XIXe siècles. La famille a importé la brique coûteuse, fabriquée à la main à partir d’argile anglaise. La couleur de la brique est déterminée par la composition chimique de l’argile ainsi que les niveaux de combustible et d’oxygène utilisés pour la cuire. La brique rouge de la maison Lester-Garland tire sa couleur de l’oxyde de fer et provenait probablement d’une maçonnerie de briques du Dorsetshire.
L’acte d’enterrement du Béothuk John August, avec ceux d’autres habitants de Trinity, en 1788.
Source : Gracieuseté des archives de la Trinity Historical Society
Sel et sucre…
L’un des minéraux les plus importants de l’histoire de la région en est un qui n’était que rarement produit ici : le sel. D’immenses quantités de sel étaient nécessaires pour traiter la morue pêchée et séchée par les pêcheurs à Terre-Neuve et exportée par les marchands.
La morue salée a été l’une des premières marchandises véritablement mondiales et l’un des commerces les plus lucratifs de l’Empire britannique. La morue de plus grande qualité était traitée avec du sel de mer produit dans les marais maritimes du sud de l’Europe. Ce sel était exporté vers le marché ibérique en échange de produits de luxe comme le vin, les fruits séchés et l’argent. La morue de moins bonne qualité était souvent véreuse et brûlée par le sel (trop salée), et elle était parfois produite avec du sel impur récolté par des personnes réduites en esclavage dans des endroits comme les îles Turks et Grand Caicos. Cette morue constituait jusqu’à 80 % des protéines consommées par les personnes réduites en esclavage dans les plantations sucrières des Caraïbes britanniques. La localité de Trinity était un nœud essentiel de ce commerce triangulaire, partie intégrante d’une histoire mondiale entremêlée et préoccupante.
Pendant que vous êtes ici, essayez d’observer la forme traditionnelle de boîte à sel de nombre de maisons et de bâtiments patrimoniaux de Trinity, nommée ainsi en raison de la boîte dans laquelle le sel des ménages était conservé au XVIIIe siècle.
L’histoire de Mary Prince, une esclave antillaise, écrite par elle-même (1831). Il s’agit du premier récit d’esclave écrit par une femme noire. Elle y décrit en détail le travail douloureux et éreintant du ratissage du sel sur les îles Turks et Grand Caicos.
Extrait des archives de la British Library.
Tombes depuis longtemps disparues… De nombreuses tombes de ce cimetière n’ont laissé que de faibles traces, car elles ont été gravées dans du bois éphémère plutôt que dans la pierre. D’autres stèles funéraires appelées « pierres des champs », des pierres locales comme le schiste ou l’ardoise, étaient grossièrement sculptées en pierres tombales et utilisées pour marquer les tombes des êtres chers. Beaucoup de ces stèles se sont enfoncées dans le sol ou ont été prises à tort pour des roches ordinaires et retirées au fil des siècles.
Les archives de la Trinity Historical Society contiennent des traces précieuses de ces vies presque oubliées. Les registres des naissances, des mariages, des tribunaux et des enterrements témoignent des personnes qui ont vécu, travaillé et élevé des familles dans la région au fil des siècles. Un Béothuk nommé John August est mentionné. À l’âge de 4 ans, il a été capturé par des pêcheurs après l’assassinat de sa mère en 1768. Il est mort en 1788, et le lieu exact de sa sépulture n’a jamais été retrouvé, mais elle se situe quelque part dans le cimetière de l’église St. Paul ou près de celui-ci. Les archives mentionnent également Oubee, une jeune Béothuk emmenée par Thomas Stone en Angleterre en 1791. Les chercheurs sont toujours à la recherche d’une trace de son lieu de repos éternel.
Photo :
Robyn Lacey et Ian Petty de l’organisme Black Cat Cemetery Preservation, restaurant le cimetière de l’église St. Paul en 2023.
Source : Black Cat Cemetery Preservation